Le tueur en série Patrice Alègre a provoqué hier un nouveau soubresaut à Toulouse, prenant pour défenseur le très médiatique avocat marseillais Gilbert Collard, provocateur et agité. Après la profanation en 1990 du cimetière juif de Carpentras, Me Collard brandissait à la télévision une enveloppe avec les noms des prétendus coupables, fils de la bourgeoisie locale, selon lui. Il avait été contredit en 1996 par l'arrestation de nazillons.
Dans le scandale de Toulouse, l'avocat risque de mener une stratégie inverse, et de sauver les notables désignés par les ex-prostituées mais aussi par son client. Alègre a avoué deux meurtres en 1992, «commandés», selon ses dires, par un policier, un magistrat et un élu. Interrogé sur l'implication éventuelle de Dominique Baudis, Me Collard a d'ores et déjà déclaré : «Mon sentiment, seulement mon sentiment, est que l'ancien maire de Toulouse n'est pour rien dans cette affaire.» L'avocat a laissé entendre que sa défense d'Alègre n'irait pas dans le sens du tueur à gages, mais dans celui des dysfonctionnements des institutions : «On ne doit pas faire d'Alègre un criminel à tout faire. On ne fait pas dire à l'affaire tout ce qu'elle doit dire sur le fonctionnement de la police, de la justice, de nos institutions. Patrice Alègre ne doit pas servir de paratonnerre qui chasserait les éclairs des têtes sur lesquels ils doivent s'abattre.»
La démarche de Patrice Alègre a poussé son fidèle avocat et visiteur, Pierre Alfort, à se retirer de sa défense.