De la Gay Pride 2001, Yves Burger se souvient surtout des «sourires narquois». Et de ses larmes quand il avait dû quitter le cortège, humilié. «J'avais l'impression d'être la caricature d'un mauvais film. D'un côté, des grands garçons musclés en train de danser. Et moi de l'autre, avec ma prothèse, en train de boiter.» Samedi, Yves Burger a paradé avec d'autres gays handicapés du haut de son char, placé dans le groupe de tête. C'est une première en Europe. Il représente les couleurs de l'Association gay lesbienne handicap (AGLH), qu'il a créée il y a un mois. Son slogan reprend celui de son partenaire Groupe initiative APF (Association des paralysés de France) : «On est tous faits pour aimer la vie.»
Haine. Après sa Gay Pride ratée, Yves Burger a créé en septembre 2001 Handigay.com, le premier site Internet destiné aux personnes homosexuelles et handicapées. «Il s'agissait avant tout de refouler ma haine», analyse cet informaticien de 34 ans. Sa haine contre le «maître charcutier» qui, en le ratant à six reprises, a aggravé sa luxation congénitale des hanches. Et sa haine contre un «certain milieu homo qui [lui] donne l'impression d'être un extraterrestre». Un «milieu» où l'apparence physique conditionne la vie sexuelle et affective. «Il y a un préjugé qui voudrait que les handicapés soient des êtres asexués». Les handicapés homosexuels connaissent de longues périodes de célibat qui tournent parfois à l'isolement total. «Dès que le mec voit les cicatrices sur ma jambe, il par