Tribunal correctionnel de Paris
Nordine est mal rasé, le président aussi. Mais pas pour les mêmes raisons. Nordine, 50 ans, algérien, a été arrêté il y a deux jours dans le métro, après avoir tenté de voler un portefeuille. «Avez-vous un passeport, monsieur ?» demande le juge. «Il est périmé !» dit Nordine. «Donc, vous n'en avez pas ! reprend le juge. Depuis quand êtes-vous en France ?» Nordine raconte : «J'ai vécu trente ans ici, je suis revenu là après sept ans en Espagne.» Le président soupire : «Vous avez été condamné en 1995 à une interdiction du territoire de dix ans, monsieur ! Alors pourquoi être revenu en France ?» Nordine commence : «Mon frère...» Le juge l'interrompt : «Je vous pose une question !» Nordine essaie encore : «Mon frère est mort et...» Le juge répète : «Pourquoi être revenu ?» Et Nordine reprend : «Je m'inquiétais pour mes neveux et ma belle-soeur, je suis venu pour ça !» «Très bien ! fait semblant d'approuver le juge. Donc les policiers vous arrêtent et vous leur donnez l'identité d'Omar. Exact ?» «Monsieur le juge...», tente Nordine. «Exact ?» s'impatiente le président. «Non, c'était le nom inscrit sur ma carte Orange, j'ai dit au policier : "Mon gars, tu fais erreur, je m'appelle pas Omar !"» «Vous tutoyez les policiers ! grogne le juge. Et reconnaissez-vous avoir mis la main dans le pantalon... euh... dans la poche de ce touriste ?» Il reconnaît et le juge s'étonne : «Pourquoi voler ? Vous aviez 60 euros sur vous !» Nordine a un geste las. «Je peux