L'ombre de Parker plane sur le Bordelais. «Quand il est là, on le critique. Mais quand il n'est pas là, tout le monde se sent orphelin», ironise l'oenologue Myriam Huet. Surnommé «le nez à 1 million de dollars», ce grand gaillard, sur le point de fêter ses 56 ans, jouit d'un palais unique au monde et d'une intégrité professionnelle incontestée. Néanmoins, il est régulièrement critiqué en France pour ses préférences supposées pour les vins trop fruités et boisés. Il lui est reproché d'avoir fait le succès de vins surmûris, produits sur des microparcelles, appelés par dérision «vins de garage», vendus à des prix délirants, ce qui en énerve plus d'un dans le Bordelais. En fait, les goûts de Parker sont plus complexes et évolutifs. Il s'est toujours comporté en grand défenseur des vins français. Les viticulteurs de Bordeaux comme ceux des côtes du Rhône savent le succès commercial qu'ils lui doivent aux Etats-Unis ou en Asie. Son principe de notation est discutable puisqu'il donne une apparence d'objectivité scientifique à un goût somme toute personnel, mais des millions de consommateurs en font leur religion. Un négociant résume : «Quand il note moins de 90/100, le vin est invendable. Quand la note dépasse 90/100, il est introuvable.»
Dès qu'il débarque à Bordeaux, Bob pose ses valises au Sofitel pour filer dîner avec Hanna et son époux, brillant avocat et professeur de droit. Depuis huit ans, cette femme d'origine mauricienne est sa traductrice et sa principale collaboratrice e