Ce devait être le point d'orgue de la nouvelle politique du médicament en France. Le ministère de la Santé devait annoncer, début juillet, une liste de près de cent médicaments qui n'allaient plus être remboursés. La raison ? Ces médicaments sont non seulement inutiles mais éventuellement toxiques, selon une évaluation récente de la Commission de transparence du médicament. Bref, une décision forte, preuve s'il en était de la politique «courageuse et claire» du gouvernement en la matière.

Rumeur. Et voilà que tout trébuche. D'abord, on apprend dans le Journal du Dimanche du 29 juin, que l'annonce est retardée : on évoque fin juillet, d'autres parlent de septembre. Et surtout, on découvre que la liste de ces 96Êmédicaments totalement déremboursés est en train de se réduire singulièrement : 20 d'entre eux vont échapper à la mesure. Et ces sauvés de dernière minute ont une particularité : ils représentent 50 % du chiffre d'affaires des remboursements des 96 médicaments. En somme, l'économie sur les comptes de l'assurance maladie ne sera pas vraiment significative. Que comprendre alors des atermoiements de Jean-François Mattei ? Le ministère est-il «de plus en plus vendu aux labos», comme le veut une méchante rumeur qui rappelle que le directeur de cabinet du ministre est un ancien cadre de chez Lilly ? Ou bien le ministre avance vers une rénovation profonde de la politique du médicament, mais à petits pas ?

Une chose est sûre : sa politique est difficile à saisir. A l'image de l