En plein débat parlementaire sur l'immigration et le séjour des étrangers en France, l'une des mesures défendues par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, provoque l'indignation de plusieurs avocats et magistrats du tribunal de Bobigny : le transfert des audiences concernant le maintien (ou non) des étrangers en zone d'attente ou leur admission sur le territoire français à l'aéroport de Roissy, et non plus au tribunal.
Allers-retours. Principaux arguments avancés par Nicolas Sarkozy : l'amélioration des conditions de détention et les économies d'escorte. Quelque soixante étrangers passent chaque jour en audience à Bobigny où ils doivent être conduits et d'où ils doivent être ramenés en cas de non-admission. Selon le ministre, ces allers-retours sont contraignants, tant pour les étrangers concernés que pour les soixante-cinq policiers mobilisés en permanence.
«En vérité, qui est contre [ce projet] ?, s'était interrogé le ministre, jeudi 3 juillet, devant les députés. Quelques membres du barreau de Seine-Saint-Denis et quelques magistrats, mais pas les malheureux qu'on appelle par haut-parleurs à cinq heures moins le quart du matin [...], alors qu'on pourrait les réveiller à une heure normale et les faire venir au moment voulu dans la salle d'audience voisine. [...] Quant aux soixante-cinq policiers occupés à transporter ces malheureux, ne seraient-ils pas plus utiles dans vos circonscriptions ?»
«Faux, hypocrite et fallacieux», lui rétorquent les avocats de Bobigny. «Ces