Ce n'est pas encore une défaite en rase campagne, mais presque. Le très libéral ministre de l'Economie et des Finances, Francis Mer, qui souhaitait déréglementer à tout va les marchés publics, a reculé sur des points essentiels dans son projet de décret.
Le projet était dénoncé comme une voie ouverte à la corruption par les socialistes et bon nombre de juristes. Arnaud Montebourg et Elisabeth Guigou à l'Assemblée nationale, Jean-Pierre Sueur et Yves Dauge au Sénat, les architectes, une partie des PME, bon nombre d'élus locaux (et pas forcément de gauche) : depuis juin tout ce petit monde menait campagne, de façon intense, contre la réforme préparée assez discrètement par le ministère. Les protestations avaient conduit Jean-Pierre Raffarin à imposer à son ministre de revoir sa copie, dans un sens de plus grande «prudence politique». Matignon exigeant que s'engage une concertation avec les parlementaires. Puis Francis Mer a dû manger son chapeau une deuxième fois, en voyant une autre partie de son oeuvre de libéralisation des marchés publics recadrée par le Conseil constitutionnel.
Rédigé sous la houlette du directeur des Affaires juridiques du ministère, Jérôme Grand d'Esnon, un fidèle chiraquien, le projet de décret prévoyait de supprimer presque toutes les contraintes de procédures et les règles d'appels d'offres pour les marchés de travaux d'une valeur inférieure à 6,2 millions d'euros. Ecoles, gymnases, centres culturels, rénovation de lycées : plus de 95 % des marchés pass