C'était il y a trente-trois ans. Au soir du 11 décembre 1970, un camion-citerne, qui transporte 13 000 litres de solvant industriel, rate un virage à la sortie de Benfeld, à 35 kilomètres au sud de Strasbourg. Dans l'épais brouillard de la nuit alsacienne, les gendarmes, puis les sapeurs-pompiers devinent une fuite dans la citerne. Ils ne récupéreront le produit que treize heures plus tard. Environ 4 000 litres de tétrachlorure de carbone (CCl4) se sont échappés dans la nature. Mais le conducteur du camion ne souffre que de légères contusions, les secours ont le sentiment d'avoir évité le pire, et deux jours après le drame, les Dernières Nouvelles d'Alsace, quotidien régional, titre : «Le dispositif de sécurité mis en place écarte tout danger.» Certes, quelque temps après, le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), dans un rapport, décrit des risques de pollution. Et puis rien. Georges Pompidou est à l'Elysée, l'heure n'est pas aux émotions environnementales.
Eté 2003. Deux communautés de communes (Benfeld et Erstein) et la Communauté urbaine de Strasbourg soit, au total, une cinquantaine de municipalités solidaires unissent leurs efforts pour créer le Syndenaphe, Syndicat mixte pour la dépollution de la nappe phréatique. C'est la conséquence directe de l'accident de 1970. Au fil des jours, la nappe phréatique est venue lécher le solvant fixé dans les alluvions (lire encadré) et l'a entraîné à son allure, environ un kilomètre par an vers