Comment peut-on acheter, dans une camionnette garée sur le parking d'un centre commercial, une statue de bouddha et deux vases pour 650 000 francs ? Le couple Charpier (1) l'a fait. Par habitude, et parce qu'on ne sort pas des liasses de billets sur un parking, ils ont payé par virement. Puis ils ont continué, encore et encore, gagné par une frénésie que seul un cercle très fermé d'individus peut s'offrir. En moins d'un an, en 2000, le couple a dépensé 117,5 millions de francs (18 millions d'euros) pour l'achat de statues en jade et de pierres précieuses. Un rêve de pacotille. Le réveil a eu lieu un jour de mai 2001, lorsque des experts judiciaires ont délivré leur estimation : les 39 pièces des Charpier valent 885 000 francs. Soit cent fois moins.
Chinese Dreams. Monsieur Charpier, né dans les années 20, a fait fortune grâce à un autre genre de pierre, celle du bâtiment. Moins précieuse que le jade, elle permet néanmoins d'amasser une grosse fortune. Le couple partage son temps entre une île non loin de la France et une résidence à Vallauris, plus connue pour son musée Picasso que pour ses spécialistes d'art asiatique. Fin 1999, les Charpier flânent à Cannes et tombent en arrêt devant une boutique, Chinese Dreams. Ce patronyme va symboliser le cauchemar des retraités. La première transaction sur le parking se fait avec le vendeur de cette enseigne, un certain Peter. Est aussi présent Ricardo, présenté comme un expert en gemmologie. «Une figure centrale dans l'escroquerie : c