Un ministre communiste délivrant des crédits publics à une entreprise privée au nom de la sauvegarde de l'emploi : politiquement, il n'y a pas grand-chose à redire. Financièrement, la faillite d'Air Lib s'est pourtant traduite par une ardoise de 130 millions d'euros pour l'Etat français et une commission d'enquête parlementaire, présidée par l'UMP Patrick Ollier, a rétrospectivement cherché querelle à Jean-Claude Gayssot (PCF), un des piliers du gouvernement Jospin. En janvier 2002, après arbitrage de Matignon et outrepassant l'opposition de Bercy, le ministre des Transports a obtenu le déblocage d'un prêt public de 30 millions d'euros en faveur d'Air Lib.
Liquidation. Gayssot était dans son rôle, Fabius dans le sien. Ministre des Finances, économe des deniers publics, ce dernier avait écrit à Jospin pour le prévenir qu'Air Lib ne pourrait pas le rembourser, compte tenu de sa situation irrémédiablement compromise : «Le versement du prêt ne ferait que repousser artificiellement la cessation de paiement de l'entreprise.» De fait, la compagnie a été liquidée en février 2003, et l'Etat risque de faire une croix sur tout ou partie de sa créance.
La commission Ollier a été tentée d'y voir malice. Outre sa casquette de ministre-communiste-soucieux-de-l'emploi, Jean-Claude Gayssot est également amateur de corridas. A l'occasion de la feria de Nîmes, il aurait pu y croiser un autre aficionado du nom de Jean-Charles Corbet. Les cagnottes off-shore de ce dernier ont pu laisser envisager