La Motte (Var) envoyé spécial
La radio des pompiers crache : «On a le feu à gauche, à droite, devant, et là il revient par-derrière, il va bientôt nous sauter, on n'a plus d'eau, on ne peut pas envoyer les avions ?» Message presque de routine, hier, autour du feu de La Motte, près de Draguignan. Autre voix, sur la radio : «Si on envoie la colonne là-dedans, on crame tous, c'est pas possible.» Ceux qui parlent sont dans le feu, ils souffrent. Leurs collègues soufflent au château d'Esclans, 350 hectares, vin rouge, rosé et blanc. Ils pompent dans la piscine pour recharger leurs camions et en profitent pour se rincer la tête. Puis retournent au combat. 700 hommes engagés, du Var, de Marseille, d'Ile-de-France, d'Italie. Pas de répit.
En contrebas, des pins flambent. Pas la vigne : «C'est un excellent pare-feu, explique un local. La vigne est basse et verte. Le feu passe au-dessus.» Autour, c'est la panique. Un pompier est à terre, à cause des fumées, le feu saute la départementale, les Canadair larguent en vain. Le maire de La Motte arrive en BMW décapotable, en sort comme un diable, engueule les pompiers : «Le feu reprend et pourquoi ? Hein ? Parce qu'il fallait éteindre les petites braises ! On n'a pas éteint ! Et voilà, ça a repris ! Alors que c'était stabilisé ! A 13 heures, il n'y avait que trois camions de pompiers, s'il y en avait eu quarante comme hier soir, ça ne reprenait pas !» Un pompier le regarde de travers : «Ouais, c'est ça, ici nous on s'amuse.» Le commandant Gré