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Libération

A Levallois, le mystère de l'ossuaire sous la terre

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Des os qui dateraient de plus de 150 ans ont été exhumés.
publié le 6 août 2003 à 0h31

Le trou dans le sol a révélé un sacré trou de mémoire. Place de la Libération, à Levallois (Hauts-de-Seine), personne n'avait prêté attention au chantier entamé il y a plus d'un mois par Gaz de France. Tout juste gênait-il les quelques visiteurs du marché de la place, venus se fournir en colliers, jupes et autres sacs à main. Certains ouvriers se seraient bien émus depuis plusieurs jours de la présence d'ossements, mais l'entreprise n'avait pas jugé utile d'interrompre le chantier.

Lundi matin, Albert, résident de la ville depuis soixante-trois ans, attire l'attention d'un vendeur de bijoux : sur les bords de la cavité, à même pas 40 cm du sol, des ossements débordent de la terre. Albert n'en démord pas, «ce sont les cadavres de résistants fusillés et enterrés sur place pendant la Seconde Guerre mondiale». Le bruit court. Les passants s'arrêtent, les commerçants approchent : «Il est où le squelette ?»

Quelques minutes auparavant, un agent de la police municipale a livré un drôle de verdict : «Un archéologue est venu. Il dit que les os datent de l'époque mérovingienne.» Autour du trou, les souvenirs ressurgissent. Et comme souvent à Levallois, l'histoire tourne au règlement de comptes politique. «Une plaque rappelait la mémoire des fusillés. La mairie l'a fait enlever», prétend Albert. Tout le monde y passe : Balkany comme ceux qui cherchent à «enfouir le passé».

Archivistes et anciens combattants rouvrent le chantier de l'histoire. Impossible de trouver trace de la fusillade :