Narbonne envoyée spéciale
Tout part d'un signalement. Des hôtels et des centrales de réservation du Cap-d'Agde (Hérault) ont été désignés à SOS Racisme comme «refusant les noms à consonance maghrébine». Dans le local de la Maison des potes de Narbonne, lundi, une petite équipe de militants est réunie pour recouper ces informations et traquer la discrimination. Pas évident. Une séance de «testing» téléphonique auprès de ces établissements, avec enregistrement et haut-parleur, est prévue. Avec au bout du compte, l'espoir de les piéger et de déposer une plainte solide pour discrimination.
Amar Thioune, responsable national de la province pour SOS Racisme, pilote les opérations. «T'es en forme ? demande-t-il à Aldo. Tu vas faire l'Africain.» «Tu fais comment le black ?», réplique Aldo. Bonnet de nylon vissé sur la tête, maillot de footballeur brésilien, jaune et vert, Aldo a le bagout pour y arriver. «On sait qu'ils ont des disponibilités à partir du 18, tu demandes à partir du 17 ou du 19, pour une semaine», le briefe Amar. Pour le premier établissement, Aldo se rôde. Il prend son plus bel accent de banlieue, les «r» un peu roulés et traînants, il truffe ses phrases de «Madame» intempestifs. «C'est complet.» «Alors Madame, qu'est-ce que je peux faire ? Vous êtes complet jusqu'à la fin du mois ?» demande-t-il d'un air chantant. «Pour combien de personnes ?» Aldo lève les yeux vers Amar : il ne comprend pas son signe et répond : «Pour 7 personnes». «7 ?» La réceptionniste est au bo