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Libération

Une crise cardiaque menottes aux poignets.

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Léon, 50 ans, dépressif en crise, est mort après avoir été «maîtrisé» par la police.
publié le 11 août 2003 à 0h34

Léon (1) n'a jamais supporté l'arrivée des chaleurs. Cette année, plus que jamais, juin fut un calvaire qui s'est achevé par une crise cardiaque, après une intervention musclée de la police.

Ce mois-là, il ne sort plus, ne dort plus, ne mange plus. Il fume. Trois cartouches en moins d'une semaine. Entre deux bouffées, l'homme de 50 ans ressasse ses souvenirs d'enfance : les remarques racistes dues à ses origines guadeloupéennes, les quolibets sur son poids, 195 kg, qui l'oblige à se peser à Roissy. «C'était parfois drôle», raconte sa mère, Sylviane, qui vivait avec lui à Montmartre. «Comme ces enfants lui demandant s'il était sumo.» Parfois cruel, aussi. Derrière son «visage poupon», «son regard doux» et «son ton courtois», Léon cache un profond malaise. Dépressif, il dit rêver d'une maison de repos et tient à éviter l'hôpital : après une enfance marquée par la fuite de son père, il y avait pris 50 kg en trois mois, à l'âge de 18 ans.

«Chirac, nazi!» En ce début d'été, comme cela lui arrive parfois, il vit pourtant une période d'anorexie. Sylviane s'inquiète et sollicite SOS Psychiatre. Le médecin lui explique : «Votre fils n'est pas un malade mental.» Sylviane l'admet mais déplore qu'«il n'existe pas les structures nécessaires pour les personnes souffrant de troubles psychiques».

Début juillet, Sylviane part dans la Somme, où elle possède une résidence, en espérant que son fils dorme mieux sans elle. Mais Léon souffre. Victime de difficultés respiratoires, gêné par la pollutio