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Libération
Interview

«La sélection d'embryons, une technique ni merveilleuse ni abominable»

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publié le 22 août 2003 à 0h41

Axel Kahn est généticien, directeur de l'institut Cochin. Il est également membre du Comité consultatif national d'éthique.

Les médecins français peuvent-ils pratiquer aujourd'hui la sélection d'embryons humains ?

Ils peuvent faire ce qu'on appelle un diagnostique préimplantatoire : à partir d'une ou deux cellules prélevées sur des embryons fécondés in vitro, on peut détecter certaines maladies génétiques. Ces tests se font avant l'implantation dans l'utérus de la mère et permettent de sélectionner un embryon sain. En France, cette pratique n'est autorisée qu'à titre exceptionnel, si l'enfant à venir présente une forte probabilité d'être atteint d'une maladie génétique grave. Mais la loi interdit la sélection d'embryons, qui, en raison de leur compatibilité immunologique, permettraient de faire une greffe à un enfant malade déjà né.

Pourquoi ?

La fécondation in vitro ne doit pas devenir un outil thérapeutique. Le risque est de voir certains parents concevoir un deuxième enfant dans le seul but de trouver un donneur compatible. Ce qui peut avoir des effets désastreux sur le plan familial et psychologique. Récemment, une famille anglaise voulait l'autorisation de faire un diagnostic préimplantatoire pour sauver leur autre fils, en attente d'un donneur compatible. Devant le refus des autorités, les parents se sont rendus aux Etats-Unis, où ils ont pu faire la fécondation in vitro.

Le Comité national d'éthique a pourtant proposé aux députés d'assouplir la législation, comme en Grande