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Libération

Canicule: l'étrange lenteur du comptage.

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Le bilan tardif du nombre des décès étonne les démographes.
publié le 23 août 2003 à 0h41

«Je suis choqué qu'on ne dispose pas encore de données fiables sur le nombre de morts de la canicule en France, alors que tout décès doit être déclaré dans les 24 heures à l'état civil.» Alors que le bilan provisoire de cette catastrophe sanitaire dépasse déjà les 10 000 victimes, selon les estimations des Pompes funèbres générales, le démographe Jean-Marie Robine (1) avoue ne pas comprendre pourquoi les alertes sur l'augmentation du nombre de décès sont venues aussi tard, d'autant qu'il existe deux systèmes officiels de remontée des informations.

Incrédulité. «Depuis François Ier, chaque commune dispose d'un registre d'état civil, avec un fonctionnaire qui enregistre les naissances et les décès, rappelle-t-il. Je peux comprendre que, dans un village, personne n'ait tilté en voyant passer le nombre de certificats de 3 à 5 par semaine. Mais dans les com munes de plus de 100 000 ha bitants, la hausse a été vite significative. Soit les gens sont déconnectés de ce qu'ils font, soit ils ont transmis l'information au niveau supérieur et ils n'ont pas été compris.» Même incrédulité quant aux réactions des Ddass (directions départementales des affaires sanitaires et sociales), qui reçoivent la partie médicale du certificat de décès, avec les causes de la mort. «Les certificats sont systématiquement revus par un médecin inspecteur départemental de santé publique, car la Ddass est en charge de la surveillance épidémiologique du territoire. Là encore, on se demande ce qu'il s'est passé,