Tribunal correctionnel de Paris
A 19 h 30, la présidente soupire : «Madame la greffière, veuillez noter l'heure à laquelle on nous apporte ces nouveaux dossiers !» Et elle se tourne vers le box où sont installés deux Yougoslaves baraqués. Georges est SDF et sort de prison. Jan, peintre en bâtiment, proteste : «J'ai rien fait, je gagne 1 400 euros par mois.» «Les policiers vous ont vu faire le guet tandis que votre camarade tentait de forcer le coffre d'une voiture», rétorque la présidente. Jan roule les «r» : «Je suis pour rien dans l'affaire, rien pris, rien volé ! Rien du tout, j'avais bu beaucoup !» La juge souffle : «Je n'entends rien.» L'avocate reprend : «Il était loin de la voiture, il avait bu, s'est disputé avec les policiers, a été emmené à l'hôpital où il a vomi.» La juge passe à Georges : «Vous êtes interdit du territoire et vous refusez de partir !» Georges fait non avec ses mains : «Je suis sorti libre de prison, personne m'a dit de partir ! Alors pourquoi me juger pour ça ? Je suis fatigué de la prison .» La présidente observe : «Eh bien, il faudrait vous arranger pour ne pas y retourner.» Le procureur réclame quatre à six mois de prison et l'avocate de Jan argumente : «Il paraît difficile de faire vaillamment le guet en étant si ivre. Il n'a aucun besoin de voler, il travaille depuis longtemps dans la même société.» Georges se défend seul : «Je reconnais et je regrette, c'est tout .» Deux mois avec sursis.
Blouson noir, cheveux noirs, un jeune homme sautille da