Les pouvoirs publics pouvaient-ils éviter les milliers de morts qui ont endeuillé la population française ?
A cette question que l'on se pose aujourd'hui avec insistance, une étude apporte des réponses précises. Publiée en France en... 2002 (1) sous le titre Vagues de chaleur et mortalité dans les grandes agglomérations urbaines. Ce travail révèle que «les vagues de chaleur provoquent de terribles hécatombes». Les morts se comptant par centaines, voire par «milliers de victimes». Cette publication montre quelles sont ces victimes : les personnes âgées, plutôt de sexe féminin en Europe, les personnes «qui vivent seules», qui sont «malades ou grabataires», les habitants des «logements mal ventilés et non climatisés». Etude nullement confidentielle : un an avant la canicule de cet été, il y avait donc des travaux scientifiques qui ne pouvaient qu'alerter les pouvoirs publics sur un phénomène dont les conséquences meurtrières sont là, chiffrées, quantifiées. Et surtout prévisibles.
Ce travail commence par un recensement des catastrophes passées. Ainsi, à l'été 1976, une vingtaine de départements français ont vu leur taux de mortalité progresser de 10 %. En juillet 1980, au Missouri, Saint Louis a enregistré une surmortalité de 56,8 %. En juillet 1983, Marseille a dénombré un excédent de 300 décès, soit plus 110 %. L'un des épisodes les plus dramatiques concerne la Grèce en juillet 1987 : alors que le thermomètre atteignait 43,6 °C, Athènes a recensé 4 093 décès, deux fois plus qu'