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Libération

Dans le Nord, la «maman faisait dodo» depuis dix jours

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Deux fillettes ne se sont pas aperçues du décès de leur mère.
publié le 11 septembre 2003 à 0h56

Saint-Hilaire-sur-Helpe (Nord) envoyée spéciale

Pendant dix jours, Amandine, 5 ans et demi, et Sandrine, 3 ans et demi, ont veillé leur maman morte, sans que personne ne s'en inquiète. Ni dans leur village de 888 habitants, Saint-Hilaire-sur-Helpe (Nord), proche de Maubeuge, ni à la maternelle, à Avesnes-sur-Helpe, où Amandine était scolarisée. «Dans une école privée, c'est courant que des enfants inscrits ne se présentent pas à la rentrée. Généralement, on passe un coup de fil. Mais la maman n'avait pas le téléphone. Ce qui restait à mon collègue, c'était le courrier», explique le directeur du collège Sainte-Thérèse, qui gère la maternelle. Du côté du village, le maire, Michel Coupillaud, se fâche : «15 500 hectares de superficie et vous vous imaginez que je vais chaque matin faire la tournée de mes administrés pour voir s'ils sont en vie ?»

Corps en décomposition. C'est la factrice qui a donné l'alerte : inquiète de voir les prospectus s'accumuler dans la petite boîte aux lettres en ferraille, elle a prévenu son supérieur, puis la secrétaire de mairie, lundi. Les pompiers ont été appelés et tous se sont dirigés vers la maisonnette en pierre de taille, nichée au coeur du bocage, sans voisins directs.

«Maman fait dodo», leur ont répondu les fillettes, avant que la porte soit enfoncée. Louise, leur mère, 40 ans, gisait morte dans son lit, au premier étage. Son décès remonterait à la fin août, au vu de la décomposition du corps. Peut-être une crise cardiaque, que la prochaine aut