La pendaison de crémaillère s'annonce plutôt morose pour le pôle «santé» de la justice qui emménage dans les locaux des magistrats spécialisés dans la délinquance financière, rue des Italiens, à Paris. La juge Michelle Auclair y est déjà installée depuis dix jours ; Marie-Odile Bertella-Geffroy, celle qui a instruit toutes les grandes affaires de santé publique (sang contaminé, vache folle, hormone de croissance...) et ferraillé depuis des années pour la création de ce service spécialisé, y débarque lundi avec ses cartons. Mais l'outil semble encore loin d'être opérationnel. Les plus grands doutes subsistent sur les moyens qui y seront réellement affectés.
Contour. Des discussions sont encore en cours au tribunal de grande instance de Paris sur le contour exact de ce pôle prévu par la loi sur le droit des malades de mars 2002. Dans la définition la plus stricte, il devait traiter des seuls dossiers de responsabilité médicale (mise en cause de l'exercice d'un praticien) et de santé publique (beaucoup de victimes pour une infraction). Selon une conception médiane, il faudrait y ajouter les affaires économiques ayant un lien avec la santé publique (fraudes douanières...). En plus large encore, on y verserait tout le droit pénal du travail (accidents du travail, contrefaçons...). D'où la réticence des trois juges du pôle financier qui devaient constituer l'équipe de magistrats instructeurs.
Me Bernard Fau, avocat spécialisé en santé publique, les comprend : «On va finir par y ajou