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Libération

«Magali», ex-prostituée violée et oubliée

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Elle assigne l'Etat français en justice.
publié le 18 septembre 2003 à 1h02

Bordeaux et Toulouse, envoyé spécial

On l'appelle Magali et c'est la dernière ex-prostituée à s'être constituée partie civile dans le volet «prostitution et viol» de l'affaire Alègre. Elle a 29 ans, prépare les concours de la fonction publique et se fait la plus discrète possible derrière son avocat bordelais.

Me Lalanne n'a pas choisi la «face la plus spectaculaire pour gravir la montagne médiatico-judiciaire de l'affaire Alègre». «Ma stratégie, c'est la montée en lacets», dit l'avocat qui, hier, a assigné l'Etat en responsabilité pour «faute lourde et déni de justice». «Je veux savoir pourquoi des pans entiers de l'institution judiciaire et de l'ordre public se sont effondrés à Toulouse au début des années 90», précise l'avocat.

Mineure. Magali a 17 ans quand elle commence à se prostituer. Le 17 novembre 1991, elle est interpellée avec un client par les gendarmes. Magali dénonce alors Lakhdar Messaoudene, le maquereau complice d'Alègre, qui l'a prise sous sa coupe dès ses premières passes. Le 20 novembre, une information judiciaire est ouverte pour «proxénétisme aggravé» en raison de la minorité de Magali.

Interrogée le 28 novembre, elle raconte avec précision les deux viols qu'elle a subis dans la nuit du 1er novembre : elle monte dans la voiture d'un client qui la conduit dans un parking où elle est violée durant une heure et demie. Elle retrouve ensuite son souteneur qui la viole à son tour. Le lendemain, Magali, victime d'une hémorragie, est hospitalisée durant douze jours