Il aura suffi d'un slogan et d'une campagne à quelques millions d'euros pour qu'un mythe s'effrite. En septembre 2002, juste avant que démarre la saison des antibiotiques, la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) lance «les antibiotiques, c'est pas automatique», l'assortit d'un programme de sensibilisation des médecins et des patients et récupère sa mise. Et même plus. En février 2003, à la fin de la saison, quatre millions de traitements inappropriés ont été évités en France. Les plus gros amateurs d'antibiotiques d'Europe ont réduit leur consommation de 10,2 %. «En quel ques mois, la proportion de personnes les jugeant systématiquement efficaces a chuté de 42 % à 24 %, remarque Patrick Klein directeur d'Ipsos Santé, c'est considérable pour une opinion aussi ancrée.»
Aubaine. La campagne a semé le doute dans les esprits et les armoires à pharmacies. Il était temps. «En France, en ville, on prescrit au moins 50 % d'antibiotiques inutiles», analyse Didier Guillemot, épidémiologiste à l'Institut Pasteur. Pour des pathologies d'origine virale sur lesquelles ils n'ont aucune influence. Une aubaine pour les bactéries, qui en profitent pour tester leur endurance et sélectionner les plus performantes. En tête du peloton, les pneumo coques (responsables de certaines angines, d'otites, de sinusites et de méningites). Leur résistance à la pénicilline G «est passée de 0,5 % à 45 % entre 1984 et 2001», note la Cnam. Et de 42 % en 1995 à 60 % en 1999 dans les Alpes-Maritimes. «La Fr