C'est une stratégie rampante et efficace. Le ministère de l'Intérieur souhaite mettre la main sur l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), actuellement et depuis cinquante ans sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères. Cette offensive récente de la place Beauvau, qui souhaite s'accaparer le dossier de l'asile alors qu'une réforme législative est en cours, alarme les associations et inquiète au sein même de l'Ofpra.
Fantôme. Tout a commencé par la publication au Bulletin quotidien du 10 juillet de la nomination du préfet de la Meuse, Bernard Fitoussi, à l'Ofpra. Placé comme tous les préfets sous la tutelle de l'Intérieur, il «pourrait être nommé directeur» de l'Office, indique le Bulletin quotidien. Problème : l'Ofpra a déjà un directeur, Pierre Viaux, ancien ambassadeur en Australie, nommé en février par Dominique de Villepin pour trois ans.
L'Ofpra ne comptant pas de directeur adjoint dans ses statuts, quel sera le rôle exact de ce préfet, dépourvu de délégation de signature, officiellement mis «à disposition du directeur de l'Ofpra» et qu'on présente place Beauvau comme «un numéro 2» ? Un directeur fantôme ? Depuis septembre, Bernard Fitoussi, qui n'a pas souhaité répondre à nos questions, dispose en tout cas d'un bureau dans les nouveaux locaux de l'Ofpra, à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), au 8e étage... celui de la direction.
Même si Fitoussi fut un temps conseiller de Fabius, sa présence atteste l'entrisme du ministère de l'Intér