Pour une fois, il avait délaissé ses baskets, appropriées pour les manifestations, et son éternelle veste en jean. En costume impeccable, chemise rose et cravate, Romain Binazon, le porte-parole de la Coordination nationale des sans-papiers, comparaissait hier devant la 12e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis), pour «rébellion» et «provocation à la rébellion». L'ancien sans-papiers, régularisé depuis un an, avait été interpellé le 24 août à l'aéroport de Roissy alors qu'il avait embarqué dans un avion à destination de Cotonou, au Bénin.
Ténacité. Usurpation d'identités, entrée et séjour irréguliers, ainsi que soustraction à une mesure de reconduite à la frontière, accompagnée d'outrage à personne dépositaire de l'ordre public : au gré de ses précédentes infractions, mentionnées par la présidente du tribunal, se dessine le parcours d'un sans-papiers coriace, qui a tout fait pour rester en France. Ce n'est pas ce que la justice reproche cette fois-ci à Romain Binazon, aujourd'hui agent de sécurité. Le 24 août, alors qu'il se rendait en vacances pour la première fois depuis des années et avait pris place dans l'avion Air France pour Cotonou, il a constaté que deux étrangers non admis sur le territoire français se trouvaient à l'arrière de l'appareil, entravés et gardés par une escorte de quatre policiers. «Vous avez causé un trouble à l'embarquement», dit la présidente en se référant au PV des policiers. «Vous avez dit aux policiers : "Retirez ces