«La mort dans les camps d'extermination permet d'offrir une image christologique du destin du peuple juif, qui n'a que des rapports fort éloignés et politiquement très suspects avec le judaïsme véritable.» Ce qui précède n'est pas l'extrait d'un éditorial judéophobe, mais d'un manuel à l'attention des enseignants, Enseigner le fait religieux, un défi pour la laïcité, publié pour l'Education nationale. Ses plus hauts responsables ont donc choisi d'étouffer l'affaire avant qu'une polémique n'entache toute l'institution. Pour la première fois, le ministère accepte le retrait de l'une de ses propres éditions. L'affaire tombe mal, alors que la commission Stasi poursuit ses travaux sur la laïcité, que des violences antisémites se produisent dans des collèges, que la controverse autour du voile à l'école grandit.
«L'enseignement du fait religieux doit faire l'objet d'une approche transversale et pluridisciplinaire. Dans le cadre de la laïcité, le religieux est un fait culturel, un outil de lumière qui permet de comprendre la société. Or ce livre est tout sauf un ouvrage de pédagogie ouverte», déplore Jacqueline Costa-Lascoux, ex-présidente de la Ligue de l'enseignement et membre de la commission Stasi.
«Poison». Principal objet de la controverse autour du livre de René Nouailhat (1), le traitement du judaïsme. Publié chez Nathan, associé au Centre régional de documentation pédagogique de Franche-Comté, l'ouvrage est préfacé par le philosophe Régis Debray, auteur en 2002 du rapport of