Le Mans envoyée spéciale
Le collège Anne-Frank, au Mans (Sarthe), refuse de ressembler aux autres. Il est «expérimental», en marge, depuis trois ans. Beaucoup de choses le distinguent d'un collège ordinaire (profil des enseignants, rythme de travail, etc.). Et, avant tout, des pratiques pédagogiques et une conception de l'autorité qui vont à contre-courant. Ce qui lui vaut quelques inimitiés. Le collège n'a pas vraiment de locaux. L'académie de la Sarthe lui a attribué quelques salles de classe à l'intérieur d'un autre collège du Mans, et des préfabriqués sont plantés dans la cour de récréation pour l'administration. Entre les deux collèges le traditionnel et l'expérimental , emboîtés comme des poupées russes, le dialogue passe mal.
Ces jours-ci, par exemple, les deux équipes de profs s'affrontent sur la question de la casquette. Le collège traditionnel interdit aux élèves de la porter dans les couloirs. Mais les enseignants d'Anne-Frank en ont limité l'interdit à la salle de classe. Dans les couloirs communs, la casquette des uns fait mouche. «Elle n'est pas, pour moi, un signe d'appartenance à la cité et une marque de rébellion», explique Françoise, professeure à Anne-Frank. «Je sais que le gamin qui porte une casquette ne le fait pas pour défier mon autorité. Ce n'est pas une attaque personnelle, c'est l'uniforme des jeunes, poursuit-elle. Mais je considère que c'est un vêtement du dehors, comme mon chapeau. Et j'enlève mon chapeau quand je suis protégée par un toit. Don