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Libération
Interview

«Une fascination très française pour le Tibet»

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Frédéric Lenoir, sociologue des religions, explique l'engouement pour le bouddhisme.
publié le 13 octobre 2003 à 1h21

Frédéric Lenoir est philosophe et sociologue des religions, spécialiste du bouddhisme, auteur de la Rencontre du bouddhisme et de l'Occident (Albin Michel, 2001), et publie cette semaine les Métamorphoses de Dieu (Plon). A l'occasion de la visite du dalaï-lama en France, il analyse les raisons de la fascination qu'exerce cette religion sur les Occidentaux.

Pourquoi le bouddhisme fascine-t-il?

Aujourd'hui, les religions font peur. Le bouddhisme attire parce qu'il est perçu comme non-violent, porteur d'une sagesse humaniste. L'inverse d'une religion fanatique. Le contraire du «oeil pour oeil, dent pour dent». Le dalaï-lama est aussi perçu par certains comme l'anti-Jean Paul II. Ces deux hommes sont sans doute les deux personnalités religieuses les plus connues de la planète. Mais Jean Paul II apparaît comme le représentant d'une religion dogmatique et normative. Le dalaï-lama a une pensée beaucoup plus souple. Sur une question comme l'avortement, il va dire que le bouddhisme y est opposé car c'est un acte négatif, mais qu'en même temps, cela peut être un moindre mal. Il va toujours prendre en compte l'intention du sujet et le contexte. Le Bouddha a dit : «Si votre expérience est en désaccord avec mon message, préférez votre expérience.»

Mais cette fascination se traduit-elle en chiffres ? En 2000, l'Insee évaluait en France le nombre de fidèles du dalaï-lama à 10 000-12 000, sur 200 000 à 500 000 bouddhistes (1).

Il y a indéniablement une très forte croissance du nombre de gens qu