Elle a toujours le même geste. Quand la présidente de la cour d'assises, Martine Warin, lui demande de se lever puis lui pose une question, Christine Malèvre attend. Réfléchit d'abord. Met lentement ses deux mains en avant, puis les croise. Fait un effort, hésite, trébuche, lâche quelques mots souvent anodins. En cherche d'autres, bien souvent ne les trouve pas. «C'était dans ma nature de me renfermer. Je fais des efforts pour parler, j'essaye de comprendre pourquoi j'ai fait ces gestes que je n'aurais pas dû faire.»
Geste actif. Elle parle avec cette voix fluette que l'on qualifie de «chevrotante». «Christine Malèvre est comme elle est. Elle a la voix qu'elle peut. Elle a l'humanité qu'elle peut. Vous n'allez pas quand même aller jusqu'à lui retirer cela !», s'est énervé à un moment son conseil, Michel Zaoui, quand un avocat de la partie civile, lassé de ne pas avoir de réponses claires, a semblé mimer sa voix. A un autre moment, c'est l'avocat général, François-Louis Coste, qui se montre agacé : «Vous avez demandé pardon une nouvelle fois. Mais ce sont des mots de vérité que nous attendons.» «Vous mentez», a-t-il même lâché. Sur les sept décès qui lui sont reprochés, Christine Malèvre n'a pas bougé : elle a reconnu deux «aides à mourir» et deux «gestes thérapeutiques» qui ont peut-être conduit à la mort sans qu'elle l'ait souhaité. Mais elle a contesté toute responsabilité dans les trois autres décès.
Depuis plus de deux semaines que dure ce second procès, Christine Malèvre