Compiègne envoyé spécial
Compiègne vient d'adresser un bras d'honneur à la République. «Nous prenons le risque d'être montrés du doigt par le reste de la nation», avait prévenu un élu. Peine perdue : mercredi soir, son conseil municipal, sous la houlette du sénateur-maire (UMP) Philippe Marini, a voté l'attribution à une rue du nom d'Alexis Carrel, théoricien de l'eugénisme, partisan de «classes biologiques [où] chacun occupe sa place naturelle», proche du régime de Vichy. Mais aussi chirurgien hors pair durant la Première Guerre mondiale. Un personnage controversé à la Pétain, selon que l'on retienne la période 14-18 ou 39-45. Sauf qu'aucune commune ne songe à baptiser une rue au nom du maréchal.
Compiègne est une ville particulière. S'y trouvait le camp du Royallieu, dont certains des prisonniers ne sont jamais revenus des camps de concentration. Une rue Alexis-Carrel longe ce camp. Sous la pression de la Licra et d'associations de déportés, Marini avait fini par accepter de la débaptiser, pour mieux la renommer un peu plus loin (Libération de jeudi). Compiègne est aussi une ville très à droite, longtemps gérée par le CNI et toujours sensible au lepénisme. Les détracteurs d'Alexis Carrel, héros local, sont taxés de stalinisme.
«Contexte». Marini surfe sur ce sentiment, mais préfère laisser ses adjoints monter au créneau. Michel Woimant s'est particulièrement lâché, mercredi, au conseil municipal : «Des réformes utiles ont été mises en place par Vichy.» Quant à l'idée de Carre