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Libération
Interview

«L'adolescence condense les enjeux de la société»

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publié le 18 octobre 2003 à 1h27

On n'a pas fini d'entendre parler des adolescents. La Conférence de la famille 2004 en a fait son sujet de réflexion. En préambule, Christian Jacob, ministre délégué à la Famille, tentera, samedi à Paris, de dresser un «état des lieux de l'adolescence» avec des épidémiologistes, des statisticiens, des pédopsychiatres. Sociologue et chercheur au CNRS, Hugues Lagrange participe à cette journée et analyse cette préoccupation.

Pourquoi les adolescents fascinent-ils autant ?

Parce qu'ils incarnent les problématiques du changement. Notre société vieillit, les tensions entre les générations sont de plus en plus perceptibles. Les aînés savent que les jeunes sont la clé pour coloniser le futur, mais aussi une menace qu'il faut maîtriser. Comment dominer ces petits démons qu'on est bien obligé de fabriquer ?

Le discours sur l'adolescence se résume souvent à la description de leurs «conduites à risques» ou de leurs modes de consommation. Peut-on parler des jeunes autrement ?

On regarde l'adolescence comme un miroir, un lieu de condensation des enjeux de la société. L'adolescence est une pythie sociale. Or ce qui me frappe en ce moment, c'est l'oscillation entre deux discours. Devant les exigences de la mondialisation, les pouvoirs publics sont lancés dans une extraordinaire réhabilitation de la culture du risque : il faut être entreprenants, responsables, s'ouvrir à un monde compétitif. Et on compte sur les adolescents pour être les vecteurs d'entrée dans cette société du risque, en leur d