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Libération

«C'est parce que j'entends des voix...»

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publié le 20 octobre 2003 à 1h26

Tribunal correctionnel de Paris

D'une voix douce presque mielleuse, la procureure requiert contre une prostituée kosovare de 35 ans, aux longs cheveux bouclés. Les riverains des boulevards extérieurs du XVIIe arrondissement avaient envoyé une pétition au commissariat, dénonçant «des activités particulièrement perturbantes», et les policiers ont arrêté Alma pour racolage. Elle gagne 250 euros par jour en cinq ou six passes, paye son hôtel et envoie le reste à une tante qui s'occupe de sa fille, 7 ans et demi. «Elle fait partie de ces délinquants que l'on aimerait aider, semble comprendre la procureure, mais malgré deux condamnations à des amendes, elle continue dans une voie qui ne la mène à rien ! Aussi je me demande si cela ne lui rendrait pas service d'aller en prison un mois ou deux. Elle pourra y être prise en charge par une association, prendre du recul... Sa fille mérite mieux qu'une maman qui se prostitue pour la faire vivre.» Un mois ferme.

Juste avant, c'était Lisa, une jeune fille pâle aux joues de poupée, arrêtée pour les mêmes faits, dans la voiture d'un client. L'homme a témoigné : «Elle m'a proposé une fellation pour 30 euros.» L'enquête sociale dit qu'orpheline à 2 ans, élevée par sa grand-mère «extrêmement pauvre» en Roumanie, Lisa, 18 ans, «est venue en France pour fuir la misère». Elle a été incapable d'amener les policiers à son hôtel où se trouveraient ses papiers et, «dans le temps de l'enquête, son amie Dana qui l'aide, lit la présidente, n'a pu être retr