Leurs cheveux châtains font hérisson, redressés par un brin de gel. Les deux garçons ont respectivement 13 et 16 ans, un jean, des baskets, des tee-shirts, l'uniforme des collégiens ; ils affichent une forme de résistance, masquent des larmes en traces dans un regard vert-gris. Ils ressemblent probablement à leur père, et sûrement à leur mère, qui s'exprimait hier à la Maison de l'Amérique latine, à Paris, dans une salle emplie de journalistes, d'amis de Djibouti, de membres de la famille.
Elisabeth Borrel mène un combat acharné. Le plus souvent sans la présence de ses fils. Pour faire admettre que son mari, magistrat, a été assassiné à Djibouti, il y a huit ans. Hier, elle a voulu qu'ils écoutent. «On nous a servi un mensonge d'Etat, on nous a bâti les mobiles du suicide, on a porté atteinte à l'honneur de mon mari et au mien», commence-t-elle à marteler de son ton de magistrate.
Cannabis. Aujourd'hui juge d'instance à Toulouse, Elisabeth Borrel a refusé, fin 1995, la version officielle qui lui avait été servie et qu'elle avait d'abord admise. Son mari, Bernard, ancien procureur de Lisieux, en poste à Djibouti comme conseiller technique du ministère de la Justice, a été retrouvé le 19 octobre 1995 le corps à demi carbonisé au pied d'un ravin, à 80 kilomètres de son domicile, en face de l'île du Diable, un peu de cannabis dans la poche de son short. Avant de disparaître, il avait accompagné Louis-Alexandre, son fils de 8 ans, au catéchisme.
Dépression, suicide, quelques heures