Lyon correspondance
Angèle ne sait pas si elle arrivera à regarder. Elle aurait bien aimé que sa fille l'accompagne. «J'ai beau ne plus être une gamine, toute seule, ca va être dur.» Angèle a 79 ans. Depuis trente ans, elle habite le même appartement F3 de la Barre des 200, à la Duchère, dans le IXe arrondissement de Lyon. Aujourd'hui, elle va assister à la démolition d'une partie de son immeuble. A midi pile, un tiers de la Barre des 200 doit en effet exploser. Angèle dit que c'est une partie d'elle qui s'en ira. Michel, un de ses voisins, pense que c'est «le prix à payer pour que le quartier redémarre».
Cette destruction constitue la première étape du vaste programme de démolition-reconstruction prévu par le «grand projet de ville» (GPV) signé entre les collectivités locales et l'Etat pour la restructuration de la Duchère (lire ci-contre). Situé sur les hauteurs ouest de Lyon, ce quartier avait été construit au début des années 60, pour les rapatriés d'Afrique du Nord. Glissement tristement classique : en quarante ans, il est passé du statut de quartier moderne à celui de cité que l'on dit sensible.
Réputation «surfaite». Michel et son épouse ont emménagé dans la Barre des 200 en 1963, peu de temps après leur retour de Tunisie. Michel revoit sa femme ouvrir pour la première fois les portes-fenêtres. «Il y avait une vue extraordinaire, on n'était pas habitué à des logements aussi confortables.» Ils ont dû quitter leur appartement en janvier dernier. Pour cause de démolition. M