Luc Ferry l'avait bien dit, c'est «un sujet très lourd, syndicalement pas correct». Lucide, si l'on en juge par les premières réactions des syndicats après que le ministre de l'Education se fut engagé, mardi, devant la commission des finances du Sénat, «à réduire le nombre d'enseignants en sureffectif dans leur discipline de 2 437 au cours de l'année scolaire 2002-2003 à 1 500 en 2004-2005» (Libération d'hier). Dans les organisations, les commentaires oscillaient hier entre un pondéré «ça ne résoudra rien» et un lapidaire «c'est assez misérable», en passant par un résigné «il n'en rate pas une».
Car Luc Ferry ressuscite un débat vieux comme le collège unique : faut-il que les enseignants se contentent de professer une seule discipline (le français, les mathématiques, etc.) ou peut-on imaginer que certains soient «bivalents», c'est-à-dire qu'ils enseignent deux disciplines ?
Vertus de cette «bivalence» du point de vue de certains syndicats ou mouvements pédagogiques : elle permet de limiter le nombre d'enseignants en 6e et en 5e, et de rapprocher ainsi le fonctionnement des premières années du collège de celui du primaire. Autre avantage : gérer au plus près les ressources enseignantes. Pour rependre l'exemple cité par Luc Ferry devant les sénateurs, un professeur d'allemand contraint à rester chez lui faute d'élèves en nombre suffisant serait «employé» pour enseigner le français (exemple cocasse, soit dit en passant, un mois après que Jean-Pierre Raffarin eut promis à Gerhard