A 22 ans, il s'est accroché un lacet au cou pour mourir au quartier disciplinaire de la prison de Longuenesse. A 31 ans, il s'est pendu au mitard de la prison de Mulhouse. A 34 ans, il s'est asphyxié au quartier disciplinaire de la prison de Metz... Cent détenus se sont suicidés depuis le début de l'année, ils étaient 122 en 2002, 104 en 2001 et 39 en 1980. Pourquoi ce record qui fait de la France un des pires pays européens ?
Surveillance. En février, le garde des Sceaux et le ministre de la Santé confiaient au professeur Jean-Louis Terra, psychiatre spécialiste du suicide, la mission d'y apporter des remèdes. Son rapport, que Libération s'est procuré, doit être remis demain à Dominique Perben et Jean-François Mattei. Il propose l'objectif de réduire de 20 % en cinq ans les suicides en prison. Une urgence. Comment accepter que la privation de liberté débouche sur la mort par manque de surveillance ou d'attention ? D'autant que, selon le rapport Terra, les suicides en prison représentent «environ 1 % de l'ensemble des morts par suicide» en France (57 750 personnes étaient incarcérées au 1er octobre), et le psychiatre estime que d'ici à la fin de l'année, 39 autres détenus se donneront la mort. Le médecin commence par mettre à bas l'idée (répandue et confortable) selon laquelle les candidats au suicide «cherchent à déjouer les mesures de prévention» et que, quoi que l'on fasse, «ils veulent mourir de toute façon». Il faut plutôt considérer qu'«ils n'ont pu ou su trouver des so