Le maire (UMP) de Saint-Tropez, Jean-Michel Couve, poursuivait hier Christian Millau, fondateur du guide Gault & Millau et citoyen tropézien. Dans un roman publié en février 2002, Une campagne au soleil (éditions de Fallois), le critique gastronomique décrivait un charmant village méditerranéen, baptisé Port-Cigale, livré aux appétits des promoteurs et aux turpitudes de son édile. Un concentré de crapuleries azuréennes, soleil, béton et pognon, agrémenté de frasques sexuelles. Couve s'est reconnu dans le personnage principal. Millau plaide la fibre romanesque.
Comptes. La partie poursuivante rappelle qu'Anatole France et Georges Simenon furent condamnés pour avoir décrit de trop près la réalité. La défense s'en remet à Balzac : personne n'a jamais osé se reconnaître en Vautrin ou Rastignac. L'actualité judiciaire est plus confuse. Me Emmanuel Pierrat, l'avocat de Jean-Michel Couve, avait précédemment défendu Michel Houellebecq et le «principe d'impunité de la littérature». Me Jean-Michel Baloup, avocat de Christian Millau, en profite pour régler quelques comptes avec le maire de Saint-Tropez. Pour trancher, le tribunal correctionnel de Paris va devoir répondre à une question qui n'est théoriquement pas de son ressort : Christian Millau est-il un bon romancier, dont le génie créateur serait susceptible de transcender la réalité ?
Me Pierrat égrène les contingences typiquement tropéziennes qui se retrouveraient dans Une campagne au soleil. Il rappelle que Christian Millau a publ