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Libération

A Béthune, l'agressé par erreur est l'accusé

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Procès de Jamal, victime d'une interpellation policière musclée.
publié le 5 novembre 2003 à 1h43

«Je n'aurais pas aimé être à la place de ce monsieur», reconnaît Jean-Louis Courtin, le procureur du tribunal de grande instance de Béthune. Une dizaine de policiers mobilisés, une interpellation à la Starsky et Hutch qui finit dans les choux : Jamal n'était pas le suspect que la sûreté du Nord voulait appréhender, ce 16 août 2001, à Courcelles-lès-Lens (Pas-de-Calais). Ce qui ne l'empêche pas de se retrouver hier dans le box des accusés, mis en examen pour refus d'obtempérer, violences volontaires sur agent de la force publique, dégradations volontaires et involontaires. Jamal a le verbe clair, regarde droit dans les yeux le président du tribunal. «Je sortais de la banque, je venais de retirer de l'argent.» 1 381 euros, une bonne part de son salaire, pour payer sa voiture tout juste achetée. «Ma 306 était stationnée sur une place de parking, je l'ai prise, je roulais à 50 quand j'ai vu une voiture qui bloquait la rue, avec des hommes assez costauds qui sortaient. Ils ont tout de suite frappé sur le pare-brise avec leurs matraques. J'ai cru que c'étaient des bandits. J'ai paniqué, j'ai voulu reculer pour prendre la fuite. Je n'ai vu les brassards orange marqués police qu'au moment de la détonation.» Un des agents de police, «se sentant en légitime défense», note le réquisitoire, tire en effet une balle sur la voiture de Jamal. Celui-ci lâche son volant et emboutit une Clio, blessant la passagère. Il est extirpé de sa 306 par la vitre, brisée à coups de crosse de revolver, et