Pieds nus, en pyjama, une toute jeune fille court dans la nuit, un matin d'hiver, sur un chemin désert. Un homme chaussé de tennis la poursuit. Deux dents blanches de vampire parachèvent son visage dissimulé sous un masque de monstre en latex rouge, veiné de noir. L'homme tient un couteau «à désosser» dans sa main gauche. Au bout de 300 mètres de course, il la rattrape. Ce n'est pas un film.
L'homme, Didier Leroux, 41 ans, comparaissait de mercredi à vendredi devant la cour d'assises de Seine-et-Marne pour le meurtre de Priscilla Ciatti, 14 ans et demi en ce matin du 8 février 2001, aux Ecrennes, sur le chemin menant à la ferme isolée où elle habitait avec ses parents. Le masque gisait sur le chemin, à côté d'une flaque de sang. Le corps a été retrouvé, peu après 8 heures, par le chauffeur du car de ramassage scolaire qui devait emmener l'adolescente au collège Rosa-Bonheur du Châtelet-en-Brie. Sur le corps, les traces de soixante coups de couteau, dont sept dans le coeur.
Dans son box, le visage émacié, le cheveu ras, l'accusé parle peu. Le président Alain Blanc, l'avocat général Marc Mulet, l'avocate des parties civiles Florence Rault le questionnent. Pas son avocat, Jean-Paul Petit, qui attend l'heure de son impossible plaidoirie. Didier Leroux répond : «Oui» «Ne dites pas oui pour me faire plaisir», rage l'avocat général ou bien : «Je ne sais pas», «J'ai oublié», «Peut-être que j'ai dit cela.» Souvent, il se tait. A l'un des enquêteurs, il a déclaré en parlant de Prisc