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Libération

Procès Elf: la politique perdue de vue

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Le tribunal s'est contenté de condamner les détournements à des fins personnelles.
publié le 15 novembre 2003 à 1h53

Y aura-t-il un nouveau procès Elf ? Oui, si l'on se rapporte aux différents prévenus qui, jour après jour, font appel du jugement prononcé mercredi. Cinq l'ont déjà fait, une dizaine pourraient les suivre : tous ceux qui ont écopé d'une peine de prison ferme, afin d'en suspendre l'exécution, sauf Loïk Le Floch-Prigent et peut-être Alfred Sirven, déjà incarcérés, qui souhaitent tourner la page. Pour quel résultat ? Les attendus du jugement ont étrillé leurs alibis politico-africains. Sauf à changer radicalement de stratégie, on risque de rejouer la même partie.

Donc tout le monde se tâte. Les anciens dirigeants d'Elf auraient détourné, à des fins personnelles, près de 2 milliards de francs. C'est écrit noir sur blanc dans les 697 pages rédigées par le tribunal correctionnel. Exit le financement politique. Certes, ces dirigeants se sont largement sucrés au passage : le jugement évalue à plus de 100 millions de francs ­ chacun ­ les achats personnels de Le Floch et Sirven (château, diamants...) financés par Elf. C'est énorme, mais on est loin des 2 milliards détournés.

Le jugement s'en tient d'abord à un raisonnement strictement juridique. Des caisses noires ont toujours existé chez Elf, mais il s'agissait de coquilles basées au Lichtenstein, gérées par et pour le compte du groupe pétrolier, dont les virements étaient «approuvés par l'Elysée». A l'arrivée de Le Floch à la présidence, ces comptes off-shore passent au nom personnel de Sirven et Tarallo. Pour le tribunal, l'affaire