Salon de l'éducation, cinquième ! Cette manifestation, voulue par Claude Allègre et qui a accueilli 520 000 visiteurs l'an passé, ouvre ses portes (1) sous le signe du «grand débat» sur l'école. Tout au long du Salon, la Ligue de l'enseignement proposera une série de débats dans le cadre de son «Forum pour l'école que nous voulons». Premier invité : le chercheur en sciences de l'éducation André Giordan, qui plaide pour une ambitieuse «révolution sans réforme». Explications.
Dans vos ouvrages (2), vous êtes à la fois très positif et très critique sur l'école...
Parce que l'école n'a jamais fait aussi bien. Mais que ses manquements sont devenus insupportables il est aujourd'hui impossible de s'insérer sans qualification.
En somme, ce n'est pas le niveau qui baisse mais les exigences qui augmentent ?
Et qui changent. La société est face à une mutation qu'elle maîtrise mal. De nos jours, on n'est pas seulement illettré si on ne sait pas lire. On l'est tout autant si on ne maîtrise pas un minimum de droit, d'économie, d'urbanisme, de psychologie, d'anthropologie... La plupart de ces savoirs, si importants pour décoder nos sociétés, ne sont pas à l'école.
Et du côté des méthodes ?
La classe telle qu'on la connaît, avec son découpage horaire, n'a plus sa place à terme. Il est souhaitable d'introduire des temps longs pour motiver, pour conduire un projet ; et des temps courts pour des exercices plus répétitifs. De même, l'enseignant doit pouvoir travailler avec un seul élève par moments