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Libération

Le livre qui incendie Mattei

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publié le 19 novembre 2003 à 1h56

Du jamais vu. Un directeur d'administration centrale ­ en l'occurrence le directeur général de la santé ­ qui démissionne parce que son ministre de tutelle met en cause «le défaut d'alerte» dont son administration serait responsable. Et qui, moins de cent jours après, alors qu'une commission parlementaire enquête, écrit un livre (1) où il critique vertement son ex-ministre, pointant au passage des mensonges et affirmant surtout : «L'approche qu'a privilégiée le ministre au plus fort de la crise est à mon sens critiquable, tant sur la forme que sur le fond.» Décidément, la catastrophe liée à la canicule de cet été n'en finit pas de provoquer des conséquences inédites.

Le professeur Lucien Abenhaïm l'avait dit. Il ne se tairait pas. Digérant assez mal sa démission, si vite acceptée. Directeur général de la santé pendant quatre ans, de 1999 à 2003, l'homme est un expert reconnu dans le monde de l'épidémiologie. Fier, tenace, jaloux de ses prérogatives, mais ayant une vue précise de ce que pourrait être une politique de santé publique, Lucien Abenhaïm a, en tout cas, un point commun avec son ancien ministre : il n'a pas vu venir l'imprévisible, à savoir l'épidémie de morts qu'allait provoquer la canicule. «Une tornade», «un séisme», «une catastrophe naturelle», comme il la qualifie, s'appuyant sur les conclusions des experts américains venus analyser le drame français.

Comme la plupart des Français, Lucien Abenhaïm est en vacances dans les premiers jours du mois d'août. Commence l