La présidente du tribunal en revient inlassablement aux «dix minutes fondamentales». Dix minutes pendant lesquelles, dans la nuit du 6 au 7 décembre 1998, les deux veilleuses de nuit d'une maison de retraite de Livry-Gargan n'ont pas pu ni su éviter qu'un incendie se propage. Eric Fréquelin, directeur de l'établissement, comparaissait hier devant le tribunal de Bobigny pour s'expliquer sur ces insuffisances qui ont causé la mort de treize pensionnaires et les blessures d'une vingtaine d'autres.
Caoutchouc brûlé. Eric Fréquelin, le visage grave et marqué, n'a pas contesté les faits : cette nuit-là, à 3 h 30, les deux aides soignantes veilleuses de nuit sentent une odeur de caoutchouc brûlé. A 3 h 46, elles découvrent que la chambre 6 est en flammes une panne moteur du lit électrique a mis le feu. Les deux femmes paniquent. Elles se saisissent de un, de deux, puis de trois extincteurs, sans parvenir à éteindre les flammes. Et sans songer à appeler les pompiers. Quand l'une d'entre elles s'y résout, elle ne ferme pas la porte de la chambre et se trompe de numéro.
Alerte. Bien que contrôlée deux mois auparavant, l'alarme du premier étage ne se déclenche pas. C'est seulement quand le feu se propage dans la cage d'escalier qu'un établissement annexe est alerté. Les pompiers accourent. Quand ils arrivent à 4 h 02, le personnel est dehors, sans avoir évacué le moindre malade. En dix minutes, les pompiers parviennent à extraire 28 malades. «Combien en auraient-ils sauvé s'ils avaient