L'affaire du juge français Bernard Borrel, retrouvé mort le 19 octobre 1995, le corps en partie calciné au pied d'une falaise de Djibouti, va-t-elle enfin déboucher ? La juge d'instruction Sophie Clément, cinquième magistrat à enquêter sur ce dossier, vient d'écrire à la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie. Elle réclame la communication de douze documents, classés secret défense et détenus par le ministère, «présentant un lien avec la mort du juge Borrel». La magistrate demande à la ministre de saisir la commission consultative du secret de la Défense nationale, afin que ces éléments soient déclassifiés et puissent lui être communiqués.
«Suicide». Mais Sophie Clément ne se contente pas d'un propos banalement procédural. Dans son courrier, elle souligne toute la difficulté de son dossier : «L'enquête française menée à Djibouti après le décès a immédiatement conclu à un suicide par immolation.» «Toutefois, les dernières expertises réalisées» conjointement par cinq professeurs de médecine légale «sont en faveur de l'assassinat du juge Bernard Borrel et non de son suicide».
Sous la plume d'une magistrate et dans un courrier adressé à une ministre, ce propos est fort. D'autant que deux des prédécesseurs de Sophie Clément, les juges Roger Le Loire et Marie-Paule Moracchini, se sont accrochés à la thèse du suicide, menant leur instruction sans y associer la famille de la victime, au point de se voir dessaisir par la cour d'appel de Paris en juin 2000.
Traces de lésions. Dans