Menu
Libération

«Ça fait une semaine qu'on est sur le fil du rasoir»

Article réservé aux abonnés
publié le 1er décembre 2003 à 2h08

Petits yeux, grosse toux. Caroline, 2 ans, patiente depuis près de six heures aux urgences pédiatriques de l'hôpital parisien Robert-Debré (XIXe). Elle montre son oreille qui souffre quand sa mère lui demande si elle tient le coup. Sa mère ne comprend pas : «Elle a probablement une otite. Elle tousse, vomit sans cesse, n'a pas dormi de la nuit, et on me dit que ce n'est pas une urgence. Mais si elle n'avait rien, je ne serais pas là à attendre bêtement.» Même Canal J, la chaîne de dessins animés, ne parvient plus à distraire des enfants éteints. Sofia caresse les cheveux de Selim : «Ils m'ont dit d'appeler SOS Médecins. Mais ça revient cher. Chacun ses moyens. Il faut qu'il ait des convulsions pour qu'on l'examine ?»

«Parents hystériques». Tout le monde sera pris en charge. Mais les moins souffrants doivent patienter. Entre six et sept heures. «C'était entre neuf et dix hier. Et ça fait une semaine qu'on est sur le fil du rasoir», explique Virginie Weigel, surveillante générale des urgences, dont le service a examiné la veille 227 enfants en 24 heures. «Il faut absolument que les gens consultent un pédiatre. Les urgences n'ont pas pour rôle d'accueillir n'importe qui.» Les cas de bronchiolite préoccupent déjà largement le service. Chaque année, le virus génère des visites, avec un pic aux environs du 15 décembre. Mais, cette année, s'y couple une grippe précoce. «Je n'ai pas de souvenir d'en avoir vu une de telle ampleur aussi tôt», explique Emmanuel Grimpel, chef des urgence