Cette décision de justice inédite, qui vient d'être rendue publique, devrait encourager les rédacteurs de journaux lycéens à tenir tête aux proviseurs portés sur la censure. Le 21 novembre, le tribunal administratif de Paris a annulé l'interdiction de diffusion du journal Ravaillac, réalisé et vendu en 2002 au sein du prestigieux lycée parisien Henri-IV (Libération du 27 mars 2002). Près de dix-huit mois après les faits, Ravaillac numéro 2, titré «Du cul, du cul, du cul», est libre de passer de main en main. Une victoire que l'un des rédacteurs commente : «Il n'y a pas de raison de se laisser faire. Les lycéens peuvent attaquer en justice et gagner.»
Ravaillac était le journal d'une bande de copains de classes prépas à Henri-IV. Dès la parution du premier numéro, les rédacteurs sont convoqués par le proviseur. Crispations. C'est souvent le cas : des chefs d'établissement ont encore du mal à admettre que des jeunes puissent publier leurs journaux, bien qu'un décret de 1991 les y invite. La parution du numéro 2, en mars 2002, fait l'effet d'une bombe dans l'univers policé. Les étudiants-rédacteurs posaient nus sur la une, le journal étant intégralement consacré «aux sexualités». Le 29 mars, le proviseur fait cesser la diffusion du journal. Motif : contenu choquant et vente à des mineurs.
Devant le tribunal, les rédacteurs et leur avocat, Me Alain Weber, ont soutenu l'inverse : parler de sexualité, même au pluriel, n'est pas condamnable. Et le journal n'était pas distribué aux co