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Libération
Interview

«Un généraliste n'est pas un livreur de pizzas»

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publié le 3 décembre 2003 à 2h10

Le docteur Christian Lehmann est généraliste en région parisienne et écrivain (1). Il réagit aux propos du ministre de la Santé (Libération d'hier), et explique sa conception du métier de généraliste.

Face à l'engorgement des hôpitaux parisiens ce week-end, Jean-François Mattei a dénoncé «l'insuffisance de médecins impliqués dans le système de garde», préjudiciable, selon lui, au fonctionnement des services d'urgence...

C'est méprisant et choquant. Depuis quinze jours, nous sommes sur le pont pour prendre en charge les épidémies de grippe et de gastro-entérite. Et là, parce que le week-end a été dur pour les hôpitaux, le ministre nous tombe dessus. Les généralistes travaillent un grand nombre d'heures par semaine Ñ 50 à 55 en moyenne Ñ pour éviter que le système explose. Or, lui, monsieur Mattei, le fait exploser par sa politique d'asphyxie de l'hôpital et nous rend responsables. On ne demande pas aux hospitaliers de travailler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 et c'est logique. Pourquoi l'imposerait-on aux généralistes ? Et puis, contrairement à ce que pense le ministre, notre rôle n'est pas de désengorger l'hôpital lorsqu'il est en surchauffe. Les généralistes sont là pour éviter que les patients se retrouvent à l'hôpital. Leur métier, c'est prendre en charge les malades sur le long terme, dans leur globalité.

Mais n'y a-t-il pas une crise de confiance du public dans les généralistes ?

Ceux qui les critiquent sont souvent ceux qui n'en ont pas. Ils croient qu'un généraliste est