Après six mois de cogitations, la commission chargée par le garde des Sceaux de réfléchir à «l'éthique dans la magistrature» vient de rendre son rapport. Baptisée commission Cabannes, du nom de son président (1), elle a été mise en place au plus fort de l'affaire Alègre, alors que plusieurs dossiers venaient déjà de ternir l'image de la magistrature : un haut magistrat du parquet de Bobigny accusé d'avoir reçu enveloppes et cadeaux en échange de sa protection ; un autre, de Versailles, mis en examen pour consultation de sites pédophiles ; un troisième, président de tribunal à Nîmes, poursuivi pour avoir proposé un petit arrangement entre amis à un président de conseil général, après s'être distingué (avec mise en examen à la clé) dans sa juridiction précédente où il travaillait sur les affaires d'entreprises en difficulté.
Pourquoi ces agissements n'ont-ils pas été détectés (ou dénoncés) plus tôt ? Pourquoi, au contraire, certains magistrats en cause ont bénéficié de promotions ou de décorations ? Le magistrat de Bobigny Jean-Louis Voirain passera, lui, en audience disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) vendredi , en attendant de comparaître devant un tribunal. Ces audiences publiques permettront peut-être de comprendre pourquoi les signaux d'alerte déclenchés à plusieurs reprises au fil de la carrière de ce magistrat ont été ignorés.
Reste que les recommandations de la commission ulcèrent les magistrats. Les deux principaux syndicats de la profession l'