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Libération

La magistrature mise en examen

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Le rapport sur l'éthique et la déontologie de la profession exaspère les syndicats.
publié le 4 décembre 2003 à 2h11

Après six mois de cogitations, la commission chargée par le garde des Sceaux de réfléchir à «l'éthique dans la magistrature» vient de rendre son rapport. Baptisée commission Cabannes, du nom de son président (1), elle a été mise en place au plus fort de l'affaire Alègre, alors que plusieurs dossiers venaient déjà de ternir l'image de la magistrature : un haut magistrat du parquet de Bobigny accusé d'avoir reçu enveloppes et cadeaux en échange de sa protection ; un autre, de Versailles, mis en examen pour consultation de sites pédophiles ; un troisième, président de tribunal à Nîmes, poursuivi pour avoir proposé un petit arrangement entre amis à un président de conseil général, après s'être distingué (avec mise en examen à la clé) dans sa juridiction précédente où il travaillait sur les affaires d'entreprises en difficulté.

Pourquoi ces agissements n'ont-ils pas été détectés (ou dénoncés) plus tôt ? Pourquoi, au contraire, certains magistrats en cause ont bénéficié de promotions ou de décorations ? Le magistrat de Bobigny Jean-Louis Voirain passera, lui, en audience disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) vendredi , en attendant de comparaître devant un tribunal. Ces audiences publiques permettront peut-être de comprendre pourquoi les signaux d'alerte déclenchés à plusieurs reprises au fil de la carrière de ce magistrat ont été ignorés.

Reste que les recommandations de la commission ulcèrent les magistrats. Les deux principaux syndicats de la profession ­ l'