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Libération

Ecrans noirs pour les handicapés

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Des femmes portent plainte contre les cinés MK2 qui leur ont refusé l'entrée.
publié le 5 décembre 2003 à 2h12

Le 10 août, Florence Michel, jeune femme handicapée moteur, et son compagnon valide se rendent au cinéma. Ils voulaient voir Polissons et galipettes, projeté dans le seul MK2 Beaubourg à Paris. A la caisse : «Ce cinéma est interdit aux personnes en fauteuil roulant. L'accès de derrière a été fermé. Je ne vous laisserai pas entrer, sinon les pompiers devront fermer le cinéma.» On célèbre pourtant l'Année européenne du handicap, et le cinéma MK2 Bibliothèque à Paris héberge cette semaine une rétrospective de films sur la représentation des personnes handicapées.

«Humiliée». Florence Michel a porté plainte en septembre pour «refus de service». «Je suis partie humiliée. Je me suis sentie comme une Noire aux Etats-Unis dans les années 50.» Elle dénonce le glissement de sens «habituel en France» : inaccessible devient interdit. «Si tous les lieux inaccessibles en France étaient "interdits aux handicapés", les quelques millions de personnes concernées n'auraient qu'à rester chez elles.»

MK2 invoque des obligations de sécurité qui lui ont été imposées, notamment pour les évacuations en cas d'incendie. Florence Michel conteste : s'il y a des escaliers, une personne en fauteuil roulant peut être acceptée si elle est accompagnée. Ce qui était son cas. Florence Michel a écrit à Marin Karmitz, le patron des MK2 : «Dire que le MK2 Quai de Seine [dans le XIXe arrondissement, ndlr] a changé ma vie n'a rien d'excessif. Ce cinéma est devenu mon lieu de prédilection : accessibilité parfaite, toi