Quand des avocats jugent... des avocats. Mardi soir, le conseil de l'ordre des avocats parisiens, saisi par le parquet général, examinait le cas de deux de leurs confrères, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi et sa collaboratrice Me Tania Crasnianski. Le parquet poursuivait disciplinairement l'avocate sans choisir la voie pénale pour un coup de téléphone qu'elle a passé, le 17 décembre 2002, à Christian Picart. Celui-ci, fondateur de Buffalo Grill, s'apprêtait à entrer dans les locaux de la gendarmerie pour y être placé en garde à vue dans l'enquête de la juge Bertella-Geffroy.
Lors de la conversation, enregistrée par les gendarmes qui avaient placé le portable de Picart sur écoute, Me Crasnianski informait son client du motif du placement en garde à vue de deux autres salariés de Buffalo Grill. Selon le code de procédure pénale, la transmission de cette information constitue une violation du secret professionnel. Me Crasnianski a expliqué qu'elle considérait «avoir agi dans l'intérêt de son client».
Me Versini qui vient d'être élu au conseil de l'Ordre a souhaité être également poursuivi, en assumant avoir donné à sa collaboratrice l'instruction d'appeler Picart. Me Frédérique Pons, qui jouait le rôle de procureur, a requis un an d'interdiction d'exercer, dont six mois avec sursis. Me Thierry Lévy, qui défendait ses deux confrères, a estimé que l'écoute téléphonique d'un avocat est «illicite et déloyale». Au fond, il affirme que le simple coup de fil de Me Crasnianski à