Des enveloppes de billets par paquets de 5 000 francs, deux montres (Breitling et Rolex), deux stylos (un Cartier, un Mont-Blanc), un voyage en Grèce, une Mercedes pour les vacances, des cours Pigier pour sa fille, des tailleurs et des bijoux pour son épouse, un appareil photo, des déjeuners... Jean-François Burgelin, procureur général à la Cour de cassation, dresse l'inventaire des libéralités dont a bénéficié un haut magistrat, des années durant, de la part de «mauvaises fréquentations et en échange de services rendus». Jean-Louis Voirain, 59 ans, procureur adjoint de Bobigny, comparaissait vendredi en audience disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature. Le magistrat, suspendu de ses fonctions, fait aussi l'objet de poursuites pénales : une mise en examen pour «recel d'abus de biens sociaux, trafic d'influence et corruption» qui lui a valu huit mois de détention provisoire, de février à octobre 2003. Car ses fréquentations sont impliquées dans «l'affaire du Sentier», vaste opération d'escroquerie et de cavalerie.
«Dans quelles conditions êtes-vous entré en relation avec Maloberti et les Ghariani père et fils (1), ceux par qui le malheur est entré dans votre existence ?», l'interroge Jean-François Burgelin. «Maloberti était mon voisin.» Après les relations «de politesse», sont venues les fréquentations amicales. Jean-Louis Voirain explique qu'il n'a pas vu le piège se refermer sur lui, car il vivait alors une épreuve psychologique douloureuse : «C'est dans le rapp